Sur sa trajectoire, le projectile se fraye un passage dans l'air. Il en résulte des phénomènes remarquables qui méritent une analyse.
• Stabilité
et vitesse transsonique
La
stabilité d'un projectile dépend de la résistance
de l'air qui est particulièrement intense au voisinage de la vitesse du son. Dans cette région transsonique, la stabilité du projectile est fortement perturbée. Notamment quand sa vitesse, initialement
supersonique, décroît avec la distance pour
devenir subsonique et que, dans le même temps, sa
vitesse de rotation a également diminué.
• Les
projectiles subsoniques et supersoniques. Onde de choc, onde de Mach.
Sillage
Lorsque
l'on ébranle localement les molécules de l'air
ambiant (source sonore ou autre...), cet ébranlement
se propage de proche en proche aux molécules voisines.
Il se propage à une vitesse précise, qui dépend
des caractéristiques du milieu, appelée vitesse
spécifique. C'est la vitesse du son dans ce milieu,
l'air dans notre cas (a # 340 m/s).
Il
est à noter qu'il y a transfert d'énergie
mais pas de matière.
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- Source immobile
Si
la source (point noir) de l'ébranlement
est immobile, les ondes générées
seront soit circulaires soit sphériques selon
qu'elles se propagent suivant deux ou trois dimensions
spatiales. Dans tous les cas, elles seront concentriques.
Lors
de son vol, la pointe du projectile percute des
molécules d'air (c'est la raison pour laquelle
il est freiné). Cet ébranlement va
se propager, sous forme d'ondes sphériques, dans
toutes les directions et notamment dans la direction
de la progression du projectile. |
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- Vitesse
subsonique
Le projectile se déplace à une vitesse V
inférieure à celle du son (vitesse subsonique),
les ondes sonores qu'il a générées
s'éloigneront indéfiniment de lui et en
particulier de sa pointe. |
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- Vitesse
sonique ou transsonique
Le projectile se déplace à la vitesse
du son ou a une vitesse proche de celle-ci. Les ondes émises par l'ébranlement
des molécules d'air par sa pointe restent au
niveau de cette dernière. L'accumulation de
ces ondes accroît localement la densité
de l'air et constitue une sorte de barrière
que le projectile aura du mal à franchir.
L'avant du projectile est accompagné d'un
front d'onde. |
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- Vitesse
supersonique
La
vitesse du projectile est supérieure à
celle du son. Les ondes émises à chaque
instant sont dépassées par la pointe
du projectile et sont laissées derrière. Cette onde est, à la pointe du projectile, supersonique. Il
s'agit d'une onde de choc.
A l'arrière du projectile, les ondes sonores se propagent à la vitesse du son et interfèrent par endroit.
Il se forme une accumulation d'énergie sur
l'enveloppe s'appuyant sur les bords des ondes. Cette
enveloppe a la forme d'un cône dont le sommet
coïncide avec la pointe du projectile. Ce sillage est l'onde de Mach. C'est ce "claquement" sec que l'on entend qui se différencie nettement de l'onde de bouche. Ce claquement devient le "bang" pour les avions supersoniques.
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• L'onde de choc
Une onde de choc est une variation brutale de certains paramètres physiques. Une onde de choc aérienne est une variation brutale de la pression suivie dun retour à la normale précédé d'une phase de dépression.
L'image ci-dessous représente l'ombroscopie d'un projectile de 7,62 mm se déplaçant à la vitesse de 1,3 Mach.
• Caractéristiques d'une onde de choc
En milieu aérien une onde de pression doit répondre à un certain nombre de critères pour prétendre au statut d'onde de choc :
1 - La vitesse relative de l’onde augmente avec l’amplitude du choc ;
2 - La vitesse du son derrière l’onde de choc est toujours supérieure à celle de l’onde ;
3 - Une onde de choc est toujours subsonique par rapport au milieu derrière elle ;
4 - Le choc générateur de l'onde est toujours supersonique par rapport au milieu qu’il rencontre ;
5 - Une onde de choc n’est pas une onde d’accélération qui se propage, elle, à la vitesse du son.
• Onde de choc et fausses idées en balistique lésionnelle
Les tentatives de donner une explication aux lésions provoquées par des petits projectiles à haute vitesse, dont la .223 Remington est un exemple, a donné lieu à des théories fantaisistes comme l'effet dévastateur de l'onde de choc. Encore de nos jours, cette théorie réapparaît de temps à autre.
Pour qu'une onde de choc puisse créer des lésions, il faut qu'elle transporte suffisamment d'énergie. Mais surtout, il faut qu'elle existe. Une analyse simple des caractéristiques d'une onde de choc démontre son inexistence lors du trajet d'un projectile, même à haute vitesse, dans le corps d'un être humain ou d'un animal.
Nous retiendrons particulièrement la caractéristique 4 ci-dessus. Elle nous indique que pour qu'un projectile puisse créer une onde de choc, il doit avoir une vitesse supersonique dans le milieu dans lequel il se déplace. La vitesse du son dans les tissus biologiques est légèrement supérieure à 1500 m/s. C'est une vitesse bien supérieure à celle des projectiles à haute vélocité tel que la .223 Remington (5,56 x 45mm). Dans le domaine de la balistique lésionnelle, même ces projectiles très rapides ne peuvent pas créer une onde de choc dans les tissus organiques. On ne peut donc pas attribuer les lésions observées ou une partie de ces dernières à ce phénomène physique.
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